Le ‘Champ de Mars’ : Le terrain
Il s’étend en prolongement des jardins du Château, nommés ‘les Bosquets’ par les Lunévillois, a une surface de 71.5 ha. Il est utilisé par les militaires comme terrain de manoeuvre (C’est d’ailleurs bien avant le début du XXème siècle que cette zone sert d’entraînement pour la cavalerie)
Au cadastre, ce terrain n’est pas une seule parcelle, mais une multitude de petites parcelles publiques et privées, sur les communes de Lunéville et Chanteheux (zone colorée). Une convention avait été conclue avec les propriétaires pour ‘louer’ les terrains contre rémunération, et pour une durée indéterminée.
Après la 1ère guerre, Première modification foncière :
La situation du champ de manœuvres de Lunéville connaît une modification importante dans le cadre de la cession par l’État à la ville de d’une zone ayant autrefois appartenu aux Ducs de Lorraine et devenue propriété de la couronne après réunion du duché à la France en 1766 (Partie délimitée en jaune)
Sur cet ancêtre de nos cartes VAC, cette parcelle apparaît, avec une information complémentaire : un stade y est créé. A noter l’aire à signaux à l’est, et un terrain de polo, sur le terrain d’aviation même ! Enfin, il n’y a pas encore à cette époque de notion de piste.
En 1932, une étude “Projet d’aérodrome Municipal à Lunéville” est lancée, par le Ministère de l’Air. Plusieurs sites sont envisagés, dont le secteur Lunéville/Croismare. Toutefois, celui-ci sera abandonné car à cette époque, on recherche prioritairement un terrain aussi long que large, comme Pierre Duval le relate dans ‘Les vertes racines de l’aviation’ (Info-pilote de février 2022).
Pourquoi la Ville de Lunéville étudie un autre site éventuel : pour palier aux diverses contraintes que présente le Champ-de-Mars :
- Le terrain réagit mal aux périodes pluvieuses
- Il est encadré à l’ouest par les Bosquets, au sud par la ville dont une rue longe le terrain
- Les troupes s’y entraînent régulièrement, et cette cohabitation n’est pas simple. Du reste, je relève cette mise en garde sur la carte du terrain : Si le terrain est occupé par des troupes, l’avion doit tourner à basse altitude de façon à manifester son intention d’atterrir !
Toutefois, le résultat de l’étude restera en faveur du Champ-de-Mars. Voici le plan établi lors de cette étude :
Y sont indiquées les bornes délimitant la zone propice à l’activité aérienne (cerclées en jaune), l’emplacement de l’aire à signaux (cerclé en vert)
Pour me donner une idée plus précise, j’ai reporté ce plan de bornage sur une vue actuelle :
1934 :
Si l’on s’en réfère au journal L’Aéronaute” de novembre 1934, des crédits sont alloués pour des travaux sur le terrain de Lunéville, la réalisation de ces travaux aurait peut-être entraîné la fermeture temporaire du terrain ?
Ces travaux ont-ils été réellement effectués ? En effet, en 1936, le terrain verra une seconde amputation : Propriétaire des autres terrains constituant le champ de manœuvres, la ville obtint en 1936 que soit libérée de la servitude militaire une parcelle de 11,5 ha contiguë au Champ-de-Mars (Partie délimitée en bleu).
Egalement en 1936, le “terrain de l’Armée de l’Air” est décrit par le guide Michelin des aérodromes comme offrant une surface d’atterrissage de 700 m x 400 m limitée au nord par une bande non utilisable “parsemée de tranchées et de monticules”.
C’est donc sur les 47 ha constituant la partie restante du champ de manœuvres que fut maintenu l’aérodrome, dont les dimensions utiles publiées en 1939 avaient été portées à 650 m x 650 m après nivellement de la partie désignée jusqu’alors comme n’étant pas utilisable à l’atterrissage (Partie nord) (Peut-être les travaux en question évoqués ci-dessus) Le terrain est donc ‘carré’, (les avions se posaient dans le sens le plus favorable)
Projet : Un autre terrain d’aviation, qui pourrait être utilisé en tous temps par l’aéronautique, serait aménagé par les soins du ministère de l’Air dans les environs immédiats de Lunéville (Avait-on à ce moment là un terrain en vue pour ce projet ?) et que la réalisation de ce terrain ferait l’objet d’une nouvelle convention avec la ville, celle-ci s’engageant par avance à participer à la dépense pour une somme forfaitaire de 300 000 F.
Quoi qu’il en soit, les événements viendront porter atteinte à ce terrain d’aviation du Champ de Mars :
1939 : Arrêt de l’activité aérienne en France suite à la déclaration de guerre, puis à l’occupation allemande.
1947 : après la victoire de 1945, l’Etat va annuler toute disposition, et ce sur l’ensemble du territoire, relative aux agréments des terrains existants. Aussi, le Champ de Mars, interdit ‘provisoirement’ à la circulation aérienne publique par l’arrêté ministériel du 6 février 1947, ne recouvrera plus jamais sa qualité d’aérodrome.