1910
Le 8 août, à 17 h 20, un avion se pose pour la première fois à Lunéville :
le livre de l’histoire de l’aviation à Lunéville vient de s’ouvrir !
C’est un biplan Sommer, et il se pose à Lunéville, sur le ‘terrain de manœuvre’ du Champ-de-Mars. Aux commandes, le lieutenant Jacques de Caumont la Force, du 8ème régiment de Dragons.
Pourquoi ce vol vers Lunéville ?
En août 1910, a lieu le “Circuit de l’Est”. Cette compétition est organisée par le journal ‘Le Matin’. Le Circuit de l’Est est la première grande course aérienne de Paris à Paris, circuit comportant un parcours de 800 km à effectuer à dates fixes en 6 étapes : Paris – Troyes – Nancy – Mézières – Douai – Amiens – Paris (En fait au départ et à l’arrivée du terrain de manoeuvre d’Issy les Moulineaux)
L’aviation militaire naissance et expérimentale (*) participa aux épreuves mais sans entrer dans la compétition. Il s’agissait de profiter de l’organisation des épreuves avec ses terrains d’étapes.
(*) L’Armée française possède depuis février 1910 cinq aéroplanes, à titre expérimental, (un Blériot, un Maurice Farman, un Henry Farman et un Voisin) dix en avril et trente en septembre, toujours dans un but d’évaluation du matériel : deux biplans Wright, deux biplans Henri Farman, un monoplan Blériot, deux monoplans Antoinette, deux biplans Maurice Farman, deux biplans Sommer, deux monoplans Koechlin, plusieurs biplans Breguet et monoplans Nieuport, et un biplan Sanchez-Besa. En 1911, elle projette d’en acquérir plusieurs centaines, tant pour ses écoles de l’air que pour le Génie et l’Artillerie.
Extrait du journal Le Figaro – 31 décembre 1910 :
…Le lieutenant de Caumont était parmi les plus anciens si l’on peut dire de nos officiers aviateurs. Il n’attendit pas que l’aviation militaire fût organisée pour s’y adonner. Officier au 8e dragons, en garnison à Lunéville, le lieutenant Nompar de Caumont La Force profita de la proximité de l’école Sommer, à Douzy, pour se livrer à l’aviation; il acquit de ses propres deniers un biplan Sommer avec lequel il a précisément accompli le 7 août dernier, jour de départ du circuit de l’Est aux raids militaires duquel il participa, la remarquable randonnée que voici Mourmelon, Châlons; Saint- Dizier, Ligny-en-Barrois; Toul, Jarville, Nancy. Lire l’article
Le lendemain il effectuait Nancy-Lunéville et retour.
Extrait du journal ‘Lunéville -Aviation’ :
….. Les renseignements prirent corps et se précisèrent. Le nom de l’aviateur fut bientôt connu, c’était le lieutenant de Caumont, du 8ème dragons, désigné il y a quelques temps pour prendre part aux expériences d’aviation militaire, en qualité d’officiers pilote et qui, arrivé de la veille à Nancy, avait projeté de venir sur son biplan Sommer, rendre visite à ses camarades de la garnison. Lire l’article
Extrait du journal L’Eclaireur du 11 août 1910
…A la descente M. de Caumont se rend au chalet de M. le capitaine Houël, ou une réception est improvisée. M. Castara, au nom de la population de Lunéville, remercie le hardi aviateur d’avoir acquiescé à sa demande et d’être venu malgré les fatigues de ses courses précédentes. Lire l’article
Le lieutenant a-t-il prit de sa propre initiative de voyager jusqu’à Lunéville, pour saluer ses camarades, ou a-t-il répondu favorablement à la sollicitation de monsieur le Maire ? Probablement pour les deux raisons, anciens du 8ème Dragons de Lunéville…. Nous pouvons aussi noter que sur les 3 équipages qui arrivent à Jarville, lui est seul à bord, et de surcroît, il vole sur Sommer, qui est en fait son avion personnel. En mission toutefois jusqu’à Jarville, il semble que l’aller et retour Jarville – Lunéville soit une affaire personnelle, autrement dit :
Le premier appareil qui s’est posé ce jour-là à Lunéville est un vol privé !
Comment s’est déroulé cet atterrissage ?
A partir des deux articles de presse relatant l’événement, nous pouvons avoir une idée assez précise. L’appareil arrivant de Jarville a survolé Lunéville : il serait passé verticale des faïenceries, puis du centre ville. Ensuite, il est sûr qu’il est arrivé au niveau de champ-de-Mars en survolant les jardins du Château, dans la partie sud-est. (Alors qu’on s’attendait logiquement à le voir apparaître côté nord-est, mais l’aviateur aurait t-il choisi comme guide la ligne de chemin de fer, qui passe en effet a proximité de la faïencerie) On décrit ensuite son passage au dessus du terrain de manœuvre, puis un virage vers Chanteheux et, après une verticale des casernes, un atterrissage en travers du terrain, pour venir non loin du ‘cottage Houël’ (qui est l’immeuble de style donnant dans l’axe de l’avenue Paul Kahn, photo en encart)
Ce qui donnerait ceci :
Le Lieutenant de Caumont La Force aborde la ville par le sud ouest : trajectoire probable de l’avion.
(La presse relate qu’il fit le trajet retour à une altitude de 350 m)
En mémoire de l’aviateur, une stèle a été érigée, placée au rond-point en extrémité de l’avenue Jacques de Caumont la Force