Quelle a été l’activité aéronautique au ‘Champ de Mars’ ?

Pour cette activité au Champ de Mars, considérons 3 périodes : 1910 à 1913  ,  1914 à 1919,    1920 à 1947


1910 – 1914                                                                                                                                                                       

C’est tout d’abord le ‘1er atterrissage‘ de Jacques de Caumont La Force le 8 août 1910.  Selon toute vraisemblance, le second personnage à arriver à Lunéville, par la voie des airs, est le lieutenant De Rose (*), le 27 mai 1911, aux commandes d’un monoplan Blériot.

Au matin du 27 mai 1911, le lieutenant aviateur Tricornot de Rose a droit à quelques lignes dans la presse quotidienne française, qui revient sur son raid aérien de la veille, exécuté aux commandes d’un monoplan Blériot. L’officier français du 9e Dragon a, en effet, réalisé dans la journée du 27 mai 1911 un voyage par la voie des airs du champ d’aviation de Vincennes jusqu’au champ de manœuvres de Lunéville, avec une escale de seulement 20 minutes à Châlons-sur-Marne pour cause de ravitaillement en huile et en essence. Un raid entrepris au petit matin, aux alentours de 3 h 30, qui s’est révélé sans encombres, le pilote évoluant à 1 000-1 200 mètres d’altitude pour échapper au vent et éviter les nombreux remous, puis à 500 mètres de hauteur sur la fin du trajet. Seul incident à déplorer : un atterrissage, sur les coups de 10 h 10, un peu musclé en raison du vent, qui a entraîné quelques avaries au niveau de son aéroplane, une roue et l’hélice ayant été endommagées, un petit accident sans gravité pour le pilote heureusement.

Source : https://www.air-journal.fr/2012-05-27-le-27-mai-1911-dans-le-ciel-le-lieutenant-de-rose-va-de-vincennes-a-luneville-en-avion-549018.html

Puis le 18 août 1911, ce sont 3 avions qui sont réunis au Champ de Mars ! Le Capitaine Eischmann, les Lieutenants De Rose et De Malherbe sur Blériot. La carte postale ci-dessous présente, à priori, les 4 premiers pilotes qui se sont posé au Champ de Mars. 

Blériot modèle militaire, avec l’aile surélevée pour permettre l’observation au sol, mission première de l’aviation militaire

En 1912, le 3 décembre, c’est le Lieutenant de Montjou qui se pose sur le ‘terrain de manoeuvre’, appellation encore fort en usage à l’époque.

Autre événement cette même année, relayé par la presse : le 1er vol postal Nancy (Jarville) à Lunéville, effectué sur biplan Farman. Cette mission a été confié au Lieutenant Nicaud, assisté du mécanicien Million. Il s’agissait de transporter trois grands sacs postaux, le tout pour un poids d’environ 50 kgs                                                                                                                                              LIRE article L’Est Républicain

 

Autre événement qui a fait connaître le Champ de Mars : l’affaire du Zeppelin du 4 avril 1913 ! dirigeable allemand contraint de se poser à Lunéville.      (Un nombre important de cartes postales furent éditées sur l’événement !)


Tout ces événements ont fait le lien entre ‘Terrain de Manoeuvre’ et ‘Terrain d’Aviation’

Par contre, je crois important de souligner l’installation d’une Ecole de pilotage

En effet, nous sommes en 1913, et seulement 3 ans après le 1er vol de Jacques de Caumont La Force, Lunéville dispose d’une école de pilotage ! Je n’ai pas recherché dans la grande région la présence d’autres école, mais il est fortement probable qu’elles n’étaient pas légion…

 

 

Emile TERLIN donne des leçon de pilotage, sur biplan Sommer. Le terrain du ‘Champ de Mars’ bien que toujours à usage de terrain de manoeuvre militaire, est donc bien ouvert aux appareils civils. (Voir extrait Aéro du 16 août 1913 ci contre)

Dernier point sur cette 1ère période : l’équipement du terrain d’un hangar d’aviation (voir page ‘installations’), ce qui va permettre de donner au terrain de manoeuvre officiellement le statut de ‘station d’atterrissage’. Ce hangar sera construit juste à coté du hangar Terlin.


1914 : Cette période naissante de notre terrain d’aviation et de ses activités aura été courte, puisque 1914 arrive, et, avec elle, la guerre…

Par contre, la guerre va générer une grande activité au Champ de Mars. Vont se succéder un nombre imposant d’escadrilles. D’après le site de AlbinDenis, j’ai pu construire le calendrier des années 14 à 19, avec les escadrilles qui, est-on sur, ont stationnées à Lunéville, car il semblerait que d’autres escadrilles aient stationnées également à Lunéville, mais leur passage est non daté, donc je ne les ai pas mentionné sur ce graphique.

Chaque escadrille était repérée par un groupe d’initiale du type d’aéronef dont elle était équipée, par exemple MF de Maurice Farmann, suivi d’un numéro d’ordre. Ces escadrilles étaient composées généralement de 6 à 8 appareils.

Je consacre une page à leur sujet, (Voir ici) mais je vous conseille de visiter le site http://albindenis.free.fr/

L’avantage ici est que j’ai regroupé, aussi bien que possible, ce qui concerne Lunéville. Des erreurs sont malheureusement toujours possibles, par contre, j’ai sélectionné plusieurs photos qui, elles, peuvent être parfaitement vérifiées :

  • Alignement des MF 11 et MF 11 bis de l’escadrille MF 58 sur le terrain de Lunéville en janvier 1916. On voit nettement en arrière plan les maisons le long de l’actuel Cours de Verdun, aux environs des numéros 64 – 70

  • Salmson-Moineau-SM-1-n°-12-de-lescadrille-F-58-sur-le-terrain-de-Luneville : Photo déjà utilisé en page ‘les installations au Champ-de-Mars, avec les 2 hangars.
  • Très belle photo d’un Nieuport, avec en décors de fond le ‘Cottage Houël’, selon son appellation dans la presse de 1910

  • Enfin, sur le 4ème coté du Champ-de-Mars, coté ouest, les Bosquets, et le portail d’entrée bordé de 2 grands piliers


1918 voit la fin de la guerre. Hormis quelques temps la SAL1, les escadrilles ont déserté le terrain.

Qu’est devenue l’école de pilotage Terlin après guerre ? Je n’ai pas trouvé d’information.

Par contre, il y a eu tout de même des activités, puisqu’on y a organisé des meetings

1925 (ou 26) tel que le relate ‘L’Année Aéronautique 1925/1926’

1930 : Il y a au moins un avion privé, celui de Hubert Vaulot

1931  1er vol du planeur Avia de l’Aéro-Club de Lorraine

1932 et 1933, ces 2 meetings étant organisés par l’Aéro-Club de Lorraine et la SDA

Ensuite, l’activité semble restreinte du moins au niveau des meetings, ce qui nous conduit au 03 septembre 1939, et la déclaration de guerre avec l’Allemagne

Rappelons-nous qu’entre le 03 septembre et le 10 mai 1940 ou l’Allemagne déclenche l’offensive, il y a eu cette période dite de la drôle de guerre. Durant cette période, l’état français va procéder à la réquisition d’un certains nombre d’avions privés. (Voir page H VaulotC’est ce que montre cette photo. L’immatriculation F-ANDR a

disparue sous une

nouvelle peinture militaire. A noter en arrière plan le ‘hangar d’aviation’

Puis le terrain tombera aux mains de l’armée allemande après leur victoire de juin 1940. Ci-dessous une rare photo de cette période, sur laquelle on voit 3 avions allemand stationnés. La photo a été prise à proximité du hangar d’aviation, hangar que l’occupant a pris soin de s’approprier, en le débarrassant entre autre du planeur Avia de l’Aéro-club de Lorraine, que l’on aperçoit remisé tristement sur le bord du terrain. Il ne résistera d’ailleurs pas à ce mauvais traitement, et, la paix revenue, il aura disparu…

 


(*) Lieutenant De Rose : Dans les derniers jours de mai 1911, de Rose effectue un raid en direction de son ancienne ville de garnison, Lunéville, preuve que s’y attachent pas que de mauvais souvenirs. (extrait de l’ouvrage ‘Charles de Rose, le pionnier de l’aviation de chasse’ de Jean-Noël Grandhomme et Thérèse Krempp) 

En effet, de Rose a été en poste au 9ème Régiment de dragon à Lunéville entre 1897 et 1906, et comme le Lieutenant Caumont la Force, il est venu rendre visite à ses anciens camarades, à la différence près qu’il s’agit d’un vol ‘militaire’. Il a obtenu son brevet de pilote de l’Aéro-Club de France le 12 décembre 1910 (brevet civil) et son brevet de pilote militaire le 7 févier 1911, avec la particularité que ce brevet militaire porte le numéro 1 ! L’épreuve comprend un examen théorique, 3 vols de 100 km à une altitude supérieure à 300 m , aller et retour sans escale. Les épreuves sont vérifiées par un baromètre enregistreur et des témoins placés au point de virage fixé.


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